Je viens d’un milieu uni et aimant et je
n’ai jamais vraiment connu d’échec. Les hommes dans mon entourage ne semblent
pas vraiment avoir d’émotion. Que tu grandis étant un garçon, exprimer de la
vulnérabilité est perçu comme étant « gay » (pensez à votre primaire). Je regarde à qui je suis et considérant
d’où je viens, c’est peu surprenant que j’aie de la difficulté à dire la
dernière fois que j’ai pleuré, ou même la dernière fois où j’ai eu de
l’empathie (être ému dans mes tripes) pour quelqu’un.
Dimanche le 13 septembre, le message à
l’église traitait de la liberté des croyants en Christ. En gros, puisque Dieu
le Fils est mort pour détruire le pouvoir du péché, les croyants peuvent
expérimenter la libération du péché dans leur vie. Par exemple, quelqu’un qui
est brisé par l’amertume peut voir son cœur réparé par l’amour de Dieu. Parce
que c’est ce que Dieu fait : il réconcilie, il répare et il fait toutes
choses nouvelles.
Le prédicateur conclut le message et
demande à ceux qui souhaitent expérimenter la délivrance de lever la main. Puis
il dit : « alors maintenant le
Corps de Christ [l’Église] va
s’activer ». Tout le monde est un peu incertain : c’est pas à
tous les dimanches qu’on entend qu’il faut « s’activer ». Puis il
spécifie ce qu’il veut dire en demandant à ceux qui, dans l’assemblé, n’ont pas
levé les mains, d’aller prier avec ceux qui ont levé les mains.
Donc je me retourne et je vois une chère
madame dans la soixantaine, cheveux argentés, la main levée, en larmes. Je me
dirige vers elle et je la serre dans mes bras, puis deux autres filles se
joignent à nous et se mettent à prier pour la madame. Puis comble de l’étrange,
pour certainement 60 secondes, les larmes coulaient sur mes joues; je pleurais
alors que nous priions pour elle!
La dernière fois que ça m’était arrivé,
c’était suite à un échec amoureux. Je n’avais jamais, jusqu’à ce point, pleuré
avec quelqu’un.
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Je ne sais pas trop quoi dire de cette
expérience, mais « vivre une émotion » m’a permis de réfléchir sur un
pan de la vie que j’avais mis au rebut. Quand j’y pense, les émotions ont une
place omniprésente dans la Bible.
Questionné sur lequel des commandements de
l’Ancien Testament est le plus important, Jésus répond (Matt 22.37-39) :
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme,
et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand
commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton
prochain comme toi-même.
Ce qui est convoyé par « cœur », c’est l’idée d’un amour
entier : une adoration indivisible. Par âme, le mot renvoie à l’idée de « l’ensemble
des sentiments et des émotions » et « pensée » réfère aux facultés de comprendre et de penser et à
l’intelligence.
Jusqu’ici, je vous dirais que je me suis
concentré sur aimer Dieu avec mon cœur (de façon indivisible) et avec ma pensée (honorer Dieu en articulant
ma foi à l’aide des outils qu’Il a donné à l’humanité, comme la raison par
exemple). Ce qui m’amène à cette question, qu’en est-il de « mon âme »? Qu’en est-il des
émotions dans la façon dont j’aime Dieu et d’autant plus la façon dont j’aime
mon prochain? Je veux dire, se sentir interpellé dans ses tripes par ce que
quelqu’un vit peut t’aider à bien l’aimer, non?
Les émotions sont d’ailleurs une chose que
l’humanité a en commun avec Dieu. La différence entre la sensibilité divine et
la sensibilité humaine en est cependant une de pureté : les émotions
humaines reflètent faiblement ce qui habite Dieu à un niveau de perfection
infini : l’amour et la patience, la sainteté, la justice, la bonté, la
miséricorde et la fidélité. Aussi aride que la théologie puisse être parfois, le Dieu
de la Bible est chaleureux et sensible. Dieu n’est jamais présenté dans la
Bible comme un force impersonnelle ou un ordinateur rationnel. Le mouvement de
Dieu dans l’histoire est motivée par l’amour : « [...] parce que tu m'as aimé avant la
fondation du monde » et « Car Dieu a tant aimé
le monde qu'il a donné son fils unique afin que ... » (Jean 17.24
et Jean 3.16).
Jésus lui-même est l’Homme-Dieu parfait
dans l’expression de la qualité infinie des émotions : il pleure quand son
ami meurt, il explose de rage face au blasphème, il joue gaiement avec les enfants,
il expérience l’agonie à Gethsémani. Etc. Ses émotions révèlent la parfaite
humanité et à la fois sa pleine divinité.
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Alors que j’écris ceci je me dis que cette
anecdote semblera probablement impertinente pour plusieurs d’entre vous, parce
que la vie vous a amené à vivre d’avantage d’émotions que j’ai pu en vivre,
mais pour moi (et probablement aussi pour mes congénères masculins dans la
vingtaine sans enfant), c’est comme un éveil à un tout autre univers.
J’y pense et c’est probablement une des
clefs pour aimer véritablement son prochain, avoir une fraternité véritable
dans l’église et aimer son Dieu avec tous les aspects de sa personnalité.
Avoir pleuré à l’église en priant pour
cette madame c’est, somme toute, banal. Mais ça m’amène à me poser plusieurs
questions sur la place des émotions dans ma vie, plusieurs questions qui, j’ai
l’impression, seront fécondes au fil du temps.
Quelques
nouvelles :
-J’ai eu la grippe cette semaine, je m’en remet à peine.
Dimanche matin je visite un énorme temple hindou et au courant de la semaine
j’aurai 5 remises de travaux et un examen. Mon mois d’octobre sera extrêmement
chargé, parce que la moitié de mes cours finissent à la fin octobre. Novembre-décembre,
par comparaison, sera plus relaxe.
Requêtes de prière
-Santé
-Énergie, motivation, passion, concentration, efficacité
-Mes samedi après-midi d’évangélisation avec CCI
-Le choix de mon futur stage (printemps -- été [au Québec] --
automne 2016)
Merci beaucoup pour vos encouragements,
pour vos prières et votre support. Je suis toujours content d’interagir avec
vous.
Marc-André