[La réflexion et certaines formulations sont fortement redevables à N. T. Wright et son Simply Christian
(2006).]
Quand une histoire est bonne, c’est parce qu’elle agrippe
les poignées de nos désirs les plus profonds : notre indignation face à
l’injustice, notre soif pour l’amour parfait et notre besoin de vibrer parce
qu’on sent que l’on fait « ce pour quoi on a été créée ».
Parce qu’au fond, nous sommes tous essentiellement les mêmes. Dans chacun de
nos cœurs, il y a comme d’étranges murmures, les échos d’une voix, qui convergent
vers les mêmes visions de la bonne vie.
Le paradoxe de ma génération: la difficulté
d’une relation amoureuse traditionnelle, mais le désir viscérale d’en avoir une
Il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un texte sur
l’amour soit partagé à fond sur Facebook. Nous sommes tourmentés par l’amour,
mais les gens de mon âge semblent être pris dans un genre de paradoxe. D’un
côté tout le monde rêve d’une monogamie harmonieuse avec « une grande table entourée d’enfants »,
et où l’on s’éteint à 90 ans, repu d’amour, avec l’un des deux qui rend l’âme
quelques jours après que le premier eut trépassé. La réalité est tout autre:
les déceptions amoureuses sont communes et laissent de profondes cicatrices qui
rendent craintifs... hésitants.
Un genre de désillusionnement...
Puis, il y a une légèreté associée avec la sexualité...
comme si c’était un simple bien consommable... tsé parce que c’est seulement du
sexe. La sexualité est donc divorcée d’une relation clôturée par un engagement
exclusif où le droit d’être vulnérable est scellé par un engagement
irrémédiable. Une légèreté qui est un
peu malaisante, parce qu’en tant qu’observateur mon impression c’est que tout
le monde acquiesce à la sanité de cet arrangement des choses, mais que derrière
les masques il y a un besoin qui tourmente, l’écho d’une voix qui murmure que
nous sommes faits pour des relations vraies et signifiantes.
Les relations sont en partie ce que signifie être
pleinement humain. De la plus intimes des relations, le mariage, jusqu’à celles
à plus larges échelles, les pays, il y a une chose en commun : nous savons
que nous sommes faits pour vivre ensemble, mais on trouve tous que c’est pas
mal plus difficile que ce que l’on
envisageait. C’est à l’intérieur de toutes ces relations, à petites ou grandes
échelles, mais particulièrement au niveau intime, que l’on voit les
caractéristiques les plus puissantes de l’humanité : les rires et les
larmes. On se trouve drôle, on se trouve tragique : on n’y peut rien c’est
comme ça que l’on est... même si les choses tournent souvent comme on ne
voudrait pas qu’elles tournent.
Donc un cri pour quelque chose de plus... pas du
consommable, pas de l’éphémère, pas du clientélisme. Pouvoir être authentique,
vulnérable, s’ouvrir. Se sentir aimer pour ce que nous sommes plutôt que ce que
l’on est.
Une aspiration profonde dont on ne guérit pas... l’écho
d’une voix qui garde conscient qu’il y a plus que ce qui frappe les yeux.
Réparer le monde - notre soif de justice
face à un monde révoltant
En moi j’ai comme l’instinct de vouloir changer le
monde... comme si j’avais la solution et que j’étais capable de réparer ce qui
ne tourne pas rond. Je pense qu’on est tous rempli du désir de vouloir réparer
notre prochain et régler la crise palestinienne et la faim dans le monde. On
vie tous de profonds malaises face aux injustices et aux incohérences. Comment
ne pourrait-on pas quand on entends parler de têtes décapitées par l’État
islamique, d’enfants assassinés par leur père cardiologue poussé à bout, ou
encore des décisions politiques révoltantes de nos gouvernements, et de la
destruction progressive de la planète?
Quand on considère les injustices, le mal et les
incohérences qui sont omniprésentes, on est pris dans le paradoxe de vouloir
changer le monde, mais dans l’impuissance de notre individualité. Et néanmoins,
on aspire à ce que demain soit meilleur, parce qu’au fond de nous même nous
savons que la vie sur Terre n’est pas comme elle devrait l’être. Il devrait y
avoir quelque chose de mieux.
Facebook illustre ceci à merveille: les histoires qui
voyagent le mieux sont celles qui parlent d’injustice: Kony 2012, Guy Turcotte,
le monsieur de 90 ans emprisonné pour avoir nourri des sans-abris, etc.
Cette passion pour la justice est un élément central de la
vie humaine, et qui s’exprime de plusieurs façons différentes. Dans
nos psychoses collectives on s’imagine que si quelqu’un serait tué, il y aurait
un genre de justice de rétablie. Mais à tête reposé on sait que la chose
étrange appelée justice, notre désir intérieur pour que toutes choses soient
justes, demeure l’un des plus grands rêves de l’humanité.
Comme l’écho d’une voix qui résonne dans nos cœurs, comme
d’étranges poteaux de circulation qui pointent dans une direction inconnue.
« Il
faut que trouves ce pour quoi tu as été créé »
Est-ce que la vie a un sens? Pourquoi est-ce qu’il y a
quelque chose plutôt que rien?
Est-ce que je suis vraiment prêt à avaler que la seule
raison pour laquelle je suis ici c’est le produit d’un processus aveugle...
qu’il n’y a, finalement, aucune base objective pour la dignité humaine, les
émotions, la moralité, l’éthique, le mal et le bien, la beauté, la justice, la
conscience, etc.?
Il y a une grande appétit pour la spiritualité qui se
retrouve à tous les stages de l’expérience humaine... un genre de besoin de
tapisser son profond intérieur avec une croyance sur l’univers qui va au-delà
du matériel. Du culte des ancêtres en passant par les traditions monothéistes jusqu’à
la philosophie personnelle d’un montréalais branché, tout le monde a faim un
tant soit peu pour le spirituel. Un genre de voix qui appelle, pas très fort,
mais suffisamment pour qu’elle ne soit pas complètement enterrée par les autres
bruits du quotidien.
Les échos d’une
voix... d’étranges poteaux qui convergent dans une même direction
On désire l’amour, la justice et la spiritualité, mais
souvent les choses avec lesquelles on se retrouve sont des échecs... et le fait
que l’on le sache jusque dans nos os pointe à quelque chose que seulement le
Christianisme explore en détails : la croyance comme de quoi le Créateur
contient en lui-même une multitude de relations (le Dieu-Trinité, Trois-en-Un).
Ça indique pourquoi on se sait fait pour des relations, mais qu’en même temps
on les trouve difficiles et souvent insatisfaisantes (comme si il y avait
toujours quelque chose à changer). C’est comme un double panneaux pointant dans
la même direction... Cet appel aux relations et la triste réprimande de nos
échecs peuvent être entendues ensembles comme l’écho d’une voix. Une voix nous
rappelant qui nous sommes réellement. Une voix qui peut peut-être même offrir
un genre de délivrance à ce sort. Tim Keller a dit :
« Être aimé mais ne pas être connu c’est
réconfortant mais superficiel. Être connu et ne pas être aimé c’est notre plus
grande peur. Mais être pleinement connu et vraiment aimé c’est, bien..., très
semblable à être aimé par Dieu. »
On connait déjà tellement cette voix que l’on
reconnaitrait son propriétaire si on le rencontrait. Son propriétaire serait
quelqu’un de tellement engagé dans les relations de toutes sortes avec d’autres
humains, avec le Créateur et avec le monde naturel. Et néanmoins le
propriétaire partagerait la douleur des cicatrices de toutes ces relations.
L’un des éléments principaux de l’histoire chrétienne c’est l’idée du paradoxe
des rires et des larmes, tissés profondément dans toutes les expériences
humaines, et ainsi aussi profondément tissés dans le cœur de Dieu.
Fait pour la spiritualité, on patauge dans l’introspection.
Fait pour la joie, on se contente du plaisir. Fait pour la justice, on réclame
vengeance. Fait pour des relations, on insiste pour avoir ce qui fait seulement
notre affaire. Nous avons soif de spiritualité, mais nous vivons souvent comme
si le matérialisme était la seule vérité. Toutes ces aspirations sont de
mystérieux signaux routiers qui pointent vers Dieu, celui en qui tous nos
idéaux convergent. Ces perfections sont l’écho d’une voix qui nous rappelle qui
nous sommes. Mais la nouvelle création est commencée. Le soleil se lève. Le Christ c’est le
Dieu-Homme sur Terre qui boucle la boucle de l’histoire de l’humanité. Sa mort
et sa résurrection proclame le pardon de ceux qui reconnaissent leur faute; sa
résurrection annonce le venue en puissance d’un monde où toutes choses seront
faites justes et où les relations seront vécues selon les lois du Royaume: les
autres en premier comme le Christ a donné lui-même sa vie pour autrui. Les
Chrétiens sont appelés à laisser derrière, dans la tombe de Jésus, tout ce qui
appartient aux brisures et aux déceptions de ce monde présent.
J'entendis une voix forte venant du ciel qui disait: «Voici le
tabernacle de Dieu parmi les hommes! Il
habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même
sera avec eux, il sera leur Dieu. Il
essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n'y aura plus ni
deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu.» Celui qui était assis sur le trône dit: «Voici que je
fais toutes choses nouvelles.»
(Apocalypse 21:3-5)
[Précision par rapport au titre: Urbania.ca me parle du paradoxe de l'amour moderne, Kony 2012 et Guy Turcotte me parle de justice et Stéphane Laporte me parle de spiritualité et de mon désir inné pour la beauté... "ah oui c'est vrai c'est de même que la vie est".]
Nouvelles et requêtes de prière
- C’est novembre et je me
promène encore en t-shirt dehors.
- Le plus gros de ma session
est passée. Ma charge de travail est moindre, mais je commence à me
préparer pour le cours intensif que je vais faire pendant la session d’hiver (deux
premières semaines de janvier).
- Requêtes : (1)
énergie, passion, discipline; (2) Samedi d’évangélisation avec City
Church; (3) discernement pour après DTS.
Merci infiniment de me lire, de me supporter, de prier
pour moi et d’embarquer avec moi dans le projet. Je suis le plus choyé des
séminaristes! Gloire à Dieu
Marc-André Caron