samedi 28 mars 2015

Plus gros apprentissage jusqu’ici



Plus gros apprentissage jusqu’ici
Paître le troupeau, c’est plus que d’avoir du bon contenu. Je réalise que n’importe quel acte d’enseignement de la foi c’est plus que le passage d’une connaissance d’une tête à une autre, mais c’est témoigner de vérités qui nous ont transformé et qui à leur tour peuvent transformer autrui. Le plus gros danger qui me guette (ou guette n’importe quel enseignant, leader jeunesse, parent, mentor, etc.) c’est de trafiquer des vérités non-vécues. Au contraire, j’aspire à enseigner avant tout par ma vie, puis par mes mots.
Dieu est bon cependant; il développe la sagesse chez ceux qui lui demande. Mais il s’agit d’un spectre : d’insensé à un peu moins insensé (ah!).

Quelques nouvelles et requêtes de prière
Le temps passe vraiment très vite ici. Je finis déjà ma troisième session dans un mois environ. Je serai au Québec pour une courte semaine de vacance entre le 2 et le 9 mai. Celle-ci est en fait ma semaine d’examen, mais je me serai organisé pour avoir tout terminé pour mon vol du deux mai. Je recommence le lundi suivant, le 11 mai. Mon été sera un plus allégé, avec 4 cours « seulement », dont 3 cours de langues (qui sont les cours les plus chronophages).
Alors que j’écris ceci il est 21:22 en ce samedi 28 mars. Je veux dire que chaque jour est une bénédiction ici, mais que je suis aussi fatigué à la fin de chacune de celle-ci (d'où le petit écrit d'aujourd'hui)! Jusqu’au 2 mai, ça risque d’être assez cinglé. Je me suis toujours mené très dure à l’école, et le jeu monte d’un cran ici. Heureusement, mon présent semestre est aussi mon plus intense (avec 17 crédits); tous les autres seront de entre 12 et 15.
J’apprécierais que vous priez pour (1) mon énergie, l’acuité intellectuelle et la productivité. Dans le contexte des 4 dernières semaines restantes, ce serait apprécié. (2) Grandir en grâce et en humilité; comme vous savez, Dieu tisse des fils dorés au travers d’évènements qui en apparence n’ont pas de liens, mais qui sont autant d’aiguillons qui nous pressent vers lui. Bref, ça m’a frappé cette semaine qu’une réponse pour un sujet pour lequel je priais m’avait été donné au travers d’expériences et de rencontres que Dieu a placé providentiellement sur mon chemin.

 Merci de prier pour moi et de m’encourager dans mes études ici. Je suis à chaque jour abasourdi de l’amour et du soutient que j’ai de mes frères et sœurs. Si vous voulez m’envoyer des requêtes de prière, des questions ou échanger, n’hésitez pas.

Marc-André

samedi 21 mars 2015

La raison pour laquelle tu trouves que certains gradués d'école biblique sont désagréables



On m’a demandé en lien à mes études:
« T’as pas peur, avec toutes les études que tu fais, de devenir scrupuleux à l’extrême et d’avoir de la difficulté à retirer des autres? » À d’autres moments, j’ai entendu les difficultés de plusieurs par rapport aux gradués des écoles bibliques, à propos de leur arrogance.
Je réponds:

La seule sagesse-science-connaissance que la Bible reconnait c’est la crainte de l’Éternel. Et la crainte (peur), c’est plus que du respect.
Ceci étant, il en résulte que la connaissance pour l’amour de la connaissance est une folie. Ainsi, étudier la Bible pour étudier la Bible est une folie. Si la connaissance ne nourrit que ton égo, c'est s'enligner vers un désastre. Inversement, n’importe quelle connaissance qui te pousse à craindre l’Éternel est bonne.
Parmi les théologiens, le meilleur est assurément Satan. Il fut l’ange le plus majestueux de la création, et sa connaissance de l’Éternel devait probablement surpasser celle de n’importe quel être créé. Mais à quoi cette connaissance lui a-t-elle servi, sinon qu’à durcir sa damnation? « Tu crois que Dieu est un, et tu fais bien : et les démons croient aussi, et ils tremblent ! » (Jacques 2:19).
Donc une meilleure question serait: est-ce que mes études me poussent à craindre l’Éternel (ou encore, à aimer Dieu davantage)? Si tu es au séminaire et que la réponse est non, tu devrais probablement quitter avant de devenir une bombe toxique. Si tu es à l’école biblique et que la réponse est non, tu devrais probablement te repentir. Si tu es à l’église le dimanche matin / le mercredi soir ou n’importe quel autre moment et que la réponse est non, tu devrais probablement te repentir. Si ton culte personnel est purement un jeu de tête, tu devrais probablement arrêter ça. La Bible n’attribue pas de valeur à la connaissance pour la connaissance. « La connaissance enfle, mais l’amour édifie. » Si la crainte de l’Éternel est ma fin (et mon début et mon milieu...), alors je n’ai pas peur de devenir arrogant ou d’avoir de la difficulté à retirer des autres, parce que l’humilité résultant d’une saine perspective de soi à la lumière de Dieu te guide dans l’amour et l’humilité envers les autres.
Des question perçantes pour déterminer là où tu en es
Est-ce que ce que j’apprends me pousse à craindre l’Éternel? 
De quelle façon Dieu a-t-il été vrai dans mes trippes cette semaine? 
Est-ce que je me régale de la douceur de Dieu? 
Est-ce que je le sens [Dieu] dans ma vie, que je reçois son amour? 
Est-ce que les Saintes Écritures prennent vie et sont actives? Plutôt que d’être un manuel scolaire, est-ce qu’elles me cherchent et me remuent? Est-ce que les promesses de la Parole sont précieuses et encourageantes, et est-ce que je chéris ses commandements?
Est-ce que la grâce de Dieu est plus glorieuse que jamais et plus agissante en moi que par le passé? 
Ai-je un sentiment croissant du mal de mon cœur et de son égoïsme, et en réaction une dépendance croissante aux compassions de Dieu?  
  
Que vous sert de raisonner profondément sur la Trinité, si vous n'êtes pas humble, et que par-là vous déplaisez à la Trinité ? Certes, les discours sublimes ne font pas l'homme juste et saint, mais une vie pure rend cher à Dieu. J'aime mieux sentir la componction que d'en savoir la définition. Quand vous sauriez toute la Bible par cœur et toutes les sentences des philosophes, que vous servirait tout cela sans la grâce et la charité ? Vanité des vanités, tout n'est que vanité, hors aimer Dieu et le servir lui seul. La souveraine richesse est de tendre au royaume du ciel par le mépris du monde.
(Thomas à Kempis, L’Imitation du Christ 1.1)

« Toute perfection, dans cette vie, est mêlée de quelque imperfection: et nous ne voyons rien qu'à travers je ne sais quelle fumée. L'humble connaissance de vous-même est une voie plus sûre pour aller à Dieu que les recherches profondes de la science. Ce n'est pas qu'il faille blâmer la science, ni la simple connaissance d'aucune chose; car elle est bonne en soi, et dans l'ordre de Dieu; seulement on doit préférer toujours une conscience pure et une vie sainte. Mais, parce que plusieurs s'occupent davantage de savoir que de bien vivre, ils s'égarent souvent, et ne retirent que peu ou point de fruit de leur travail. »
(Thomas à Kempis, L’Imitation du Christ 1.3)

Quelques nouvelles et requêtes de prière
Ma semaine de relâche a vraiment été intense. J’achève d’écrire un commentaire sur Éphésiens 2:11-22, un travail de 15 000 mots (ce qui est ironique, puisque le texte biblique lui-même doit faire 200 mots...) très technique et nécessitant beaucoup de diligence. Au niveau des travaux, je dois tout avoir terminé le 1 mai. Dans mon horaire mental de décompte de fin de session, je suis précisément là où je dois être. Je suis dans le tordeur: les dates de remise de travaux arrivent rapidement et le sommeil se fera moindre. Néanmoins Dieu dans sa grâce a béni l’humanité avec le café, donc c’est correct (Ah!).
Requêtes : (1) passion, discipline et acuité intellectuelle, (2) évangélisation les samedi après-midi avec City Church et (3) grandir dans la grâce, l’amour, la fidélité et le service.
Merci de me lire, de me supporter et de prier pour moi. Je suis une grande victime des « les uns les autres » du Nouveau Testament et pour cela je vous remercie et je rends gloire à Dieu. Je vous souhaite une bonne semaine, et si vous voulez m’envoyer des requêtes de prière ou échanger, je vous invite à le faire à <caron.marc.andre.bible@gmail.com>
Marc-André Caron

PS. Si l'anglais vous tente, vous pouvez visionner ce petit clip de John Piper qui touche les mêmes cordes que ce que je viens d'aborder: 

dimanche 15 mars 2015

Le christianisme est-il une méchante religion occidentale ?




En suivant mon cursus universitaire en histoire à l’UQAC, le christianisme était décrit comme étant une « religion occidentale ». Et son expansion missionnaire dans le monde était nécessairement colonialiste, ce qui impliquait que son expansion actuelle est un viol culturel de l’Occident « chrétien » vers les autres cultures.
Dans l’affirmation précédente, il y a une confusion de deux choses: le colonialisme (l’exploitation de territoires sous-développés part une métropole)  et le christianisme (ensemble d’enseignements et de pratiques caractérisant l’Église de Jésus-Christ). Ce que j’avance, c’est que bien que le colonialisme occidental a en effet utilisé le christianisme comme un outil, c’est un mythe de dire que le christianisme est une religion occidental, puisque ce n'en est pas une.

Le colonialisme et le christianisme
Fiabilité légendaire
Que les empires occidentaux aient utilisé le christianisme pour subjuguer les autochtones de l’Amérique, les Africains et certains groupes d’Asie (dans une moindre mesure) n’a rien de surprenant. C’est une caractéristique universelle de l’humanité que d’utiliser des croyances pour contrôler les autres. L’exploitation de l’autre en révèle davantage sur ce qu’est l’humain plutôt que ce qu’est le christianisme. Il y a confusion des genres quand on n’arrive pas à percevoir que le christianisme en lui-même n’est pas plus Espagnol qu’autochtone. Dire que le christianisme ne devrait pas être missionnaire c’est de méprendre qu’il s’agit de la possession culturelle de l’Occident, qu’en en fait le christianisme est la possession d’aucune culture/civilisation. Le Christianisme, c'est Christ et il appelle tous les hommes en tous lieux à se repentir. En d’autres mots, le christianisme utilisé comme un outil colonial n’était pas le christianisme, mais un outil colonial. Et cette utilisation passée et récente n’en fait pas une religion occidentale. Les montres casio sont utilisées pour faire des détonateurs de bombes artisanales, mais ce ne sont pas des montres de terroristes pour autant. 
C’est avec une énorme tristesse que je pense à des choses comme les pensionnats autochtones au Canada, des institutions où il y eut une alliance odieuse entre le politique et le religieux pour assimiler et « tuer l’indien dans l’enfant ». Je reconnais que le christianisme fut utilisé comme un outil pour ces fins dégoûtantes. Mais abuser les autres, c’est universel. C’est le propre de l’humain. Donc que le christianisme serve de façade pour abuser, ça n’a rien de surprenant. Et du passé je tire leçon.
Quelques faits sur le christianisme global qui désabuse le mythe du « christianisme occidental »
Athanase d'Alexandrie, le "moine noir"
« Religion occidentale » est une fausse expression, puisque le christianisme a été principalement localisé en Amérique et en Europe seulement que pour les 4 précédents siècles. Puis, si le christianisme est une religion qui doit être circonscrite dans l’espace, ce serait une religion orientale, puisqu’il est né en Palestine au premier siècle.
L’expansion du christianisme dans le Nouveau Testament met sous les feux de la rampe des églises qui furent localisées en Palestine, en Turquie, en Grèce et en Italie.
Plusieurs des grands classiques de la théologie chrétienne ont été produits en Afrique du Nord : St-Augustin d’Hippone (Algérie - 354-430), Tertullien de Carthage (Tunisie - 150-220) et Athanase d’Alexandrie (Égypte - 298-373). Athanase était même appelé le « moine noir » .
De plus, avant d’être un outil pour les colonisateurs, le christianisme fut avant tout l’espoir des désespérés (d’où sa popularité chez les pauvres, les esclaves et les femmes dans l’Empire romain): « C’était en l’année  325 que les évêques s’assemblèrent à Nicée pour ce qui serait connu comme le premier concile œcuménique, c’est-à-dire universel. Le nombre exact d’évêques n’est pas connu, [...] mais il y en avait approximativement 300, principalement originaire de l’Est et de langue grecque. Afin de comprendre l’événement dans la perspective de ceux qui y furent, il est nécessaire de se rappeler que plusieurs de ceux qui furent présents à cette grande assemblée avaient été récemment emprisonnés, torturés ou exilés, et que plusieurs portaient sur leur corps les marques physiques de leur fidélité. Et maintenant, quelques années après ces épreuves, ces mêmes évêques étaient invités à s’assembler à Nice, et l’empereur couvrait leurs dépenses. Plusieurs de ceux présents avaient entendus parlés des autres par ouï-dire ou par correspondance. Mais maintenant, pour la première fois de l’histoire du christianisme, ils avaient devant leurs yeux la preuve physique de l’universalité de l’Église. » (Justo Gonzalez, The Story of Christianity, 186).
À partir du 4e siècle, les « barbares » européens ont commencé à descendre dans l’Empire romain. Éventuellement ils se sont convertis, et ces mêmes barbares se sont arrêtés dans les anciennes provinces de l’Empire romain, et sont à la base des nations de l’Europe occidentale d’aujourd’hui. Donc le christianisme est une religion occidentale dans la mesure où les occidentaux sont des barbares.
Stèle du 7e s., rapportant la visite des Nestoriens en Chine
Le christianisme fut apporté en Chine au 7e siècle par les moines nestoriens, et au moins depuis le 4e siècle en Inde (sinon au 1er siècle avec l’apôtre Thomas, mais les sources sont moins solides dans ce cas-ci). L’Éthiopie est un Royaume chrétien depuis le 1er siècle.
L’Église catholique (catholique voulant dire « universelle » ou « selon l’ensemble ») fut précédente autant en Occident qu’en Orient durant la période médiévale. L’Église catholique romaine deviendra de plus en plus colonialiste à partir de la Renaissance, pour finalement se tempérer au 20e siècle.
Au 21e siècle, il est impossible de dire que le christianisme est une religion occidentale. Ironiquement, les organismes missionnaires envoient massivement des missionnaires en Europe occidentale. J’ai des amis qui sont en stage en France, par exemple.
La Corée du Sud est actuellement le 2e pays qui envoie le plus de missionnaires.
La croissance du christianisme en Inde, en Afrique, en Amérique du Sud (dans ce cas-ci, on parle de l’évangélisme) et en Chine est tout simplement explosive. En fait, j’étais dans un séminaire cette semaine avec un pasteur iranien qui avance que l’église clandestine en Iran compte des millions de membres, et il prétend que l’Iran pourrait vraisemblablement être dans quelques décennies un pays principalement chrétien.
En février, j’ai eu en conférence David et Nancy Writebol, deux missionnaires au Libéria. Nancy fut la deuxième américaine a contracté l’Ébola, a été sauvé de la mort au travers de circonstances extraordinaires, et retournera au Libéria avec son mari en mars pour servir les survivants de l’épidémie (https://www.youtube.com/watch?v=XqRYtIwhI44).
Lors d’un diner atelier sur le thème de la famille en janvier, mon groupe était composé d’un américain, d’un Irlandais, d’un Juif/Allemand/Ukrainien, d’un Brésilien, d’un américain anciennement missionnaire au Brésil et de moi du Québec.
Lors d’une conférence sur l’éducation théologique à l’international, à la question « comment vous assurez-vous que vous n’importez pas la culture américaine dans les cultures où vous faites votre travail missionnaire », le panéliste a répondu: « désormais, les organismes missionnaires construisent des équipes multiculturelles. Donc une équipe missionnaire qui servirait en Éthiopie pourrait être constitué d’un Américain, d’un Nigérien, d’un Coréen et d’un Allemand, ce qui neutraliserait tout effort d’importer le message de l’évangile avec une culture nationale. »
Oui, le christianisme a été un outil colonialiste quand il fut exporté comme un kit avec les formes culturelles des missionnaires: « vous irez dans mon église et vous achèterez mes chapeaux ». Non, le christianisme n’est pas une religion occidentale, puisqu’en fait le christianisme est même hostile à l’Occident par son dédain de l’amour de la richesse et de l’individualisme, et son accent sur le reniement de soi, la soumission et l’obéissance. Le NT appelle les chrétiens des "voyageurs sur la Terre" sans citoyenneté terrestre. Je vais même avancer que le Nouveau Testament n’est pas précis dans ses prescriptions quant à ce que doit être une église. Je crois que ce flou est volontaire et vise justement à permettre à la foi chrétienne de se rendre partout dans le monde et de pouvoir « infecter glorieusement » toutes les communautés sans les acculturer (ou les occidentaliser). Et si acculturation il y a, et bien j’avance que l’extinction des peurs tribales, l’introduction de la médecine, la fin des guerres tribales, de l’excision, du système des castes, etc. est une bonne chose.
Le christianisme global
L’une des préoccupations face à ces croissances explosives c’est aussi la prolifération d’hérésies et l’utilisation du christianisme comme une source gains par des leaders qui s’autoproclament apôtres/prophètes/papes etc. Évidemment, rien n’est tout blanc ou tout noir, mais avec des signes encourageants comme le « commentaire biblique contemporain » (une bible annotée par 70 théologiens africains avec des articles spécialisés qui parlent du SIDA, de la violence aux femmes, de la sorcellerie, etc.) le christianisme n’est vraiment plus une affaire d’Occidentaux. C’est un phénomène global.
Et ça continue... !
L'Agneau conquérant des Frères moraves. Paradoxe fantastique.
Le christianisme se répandra dans tous les groupes ethniques. Ça n’a rien d’une surprise, puisque le Nouveau Testament ne laisse lui-même aucun doute quant à l’expansion concentrique de l’évangile: «  Il [l’évangile] est au milieu de vous, et dans le monde entier; il porte des fruits, et il va grandissant, comme c'est aussi le cas parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu conformément à la vérité » et «  ... et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » Alors ne craignons point, « petit troupeau », car l’agneau a vaincu et s’occupera lui-même par nous d’accomplir son œuvre jusqu’à ce qu’il revienne. Trippant, non?
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Quelques nouvelles
Cette semaine les cours étaient suspendus pour la World Evangelization Conference (WEC - Conférence sur l’évangélisation mondiale).
Le conférencier était Dr. Chris Wright, connu pour le concept de la « Mission de Dieu » (Missio Dei). Dr. Wright a avancé que si l’Église, ou une église locale, n’est pas investie d’une quelconque manière dans la mission de Dieu, alors il est impératif « qu’elle se mette à suivre l’intrigue de l’histoire de Dieu ». 
J’ai parlé avec...
·         Des représentants de News Tribes Mission qui ont été implanteurs et traducteurs du NT dans différents groupes ethniques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
·         Un représentant de Wycliffe qui a traduit la Bible pour un groupe ethnique du Mali, et qui a appris son français à la fin des années 1980 dans cette bonne vieille Université du Québec à Chicoutimi!
·         J’ai parlé avec des spécialistes de l’éducation théologique mondiale (Langham Partnership, ACETE).
·         Et plusieurs autres personnalités avec lesquelles tu ne parles pas nécessairement tous les jours.
Requêtes de prière
·         Je donnerai un cours de français à l’Université du Texas à Arlington ce lundi. J’aurai surement l’occasion de témoigner un peu.
·         Je suis en semaine de « relâche ». Que je puisse être discipliné, intense et productif. Il ne me restera que 6 semaines d’écoles après, et la somme des choses qui me restent à produire est considérable.
·         Que je puisse grandir en amour, en humilité et en service.
Merci beaucoup de m’avoir lu, de prier pour moi et de vous intéresser à ce que je fais ici. Je remercie Dieu à tous les jours pour la situation dans laquelle il me permet d’être, et pour vous qui êtes le moyen qu’il utilise. Je suis le plus béni des séminaristes.

Marc-André Caron

dimanche 8 mars 2015

"En grec ça veut littéralement dire..." - une intro / survol aux études de mots



Dans mon programme, il faut choisir un profil de spécialisation. J’ai décidé de choisir études du Nouveau Testament (NT) (vous pouvez voir l’ensemble des options à < http://www.dts.edu/thm/#emphases >). Le but de ce profil est d’équiper l’étudiant avec davantage d’études exégétiques (i.e. l’étude de la bible) et les autres disciplines du Nouveau Testament, comme la critique textuelle (la comparaison des manuscrits du NT afin de déterminer quelles variantes ne sont pas représentatives du texte original), les analyses littéraires et lexicales, la grammaire et la syntaxe.  Ça ne sonne pas particulièrement excitant dit de même, mais c’est tout simplement enivrant.
Un exemple d’outil pour l’étude de la Bible : les études lexicales
Je veux partager un de ces outils cette semaine : les études lexicales! Les études de mots sont parfois utilisés dans les sermons, et ça commence généralement par « dans le grec ça veut littéralement dire... ». 
Puisque nous croyons que la Parole est inspirée de Dieu, alors on s’intéressera à étudier le sens des mots pour parfaire notre lecture du texte.
Donc qu’est-ce qui fait que les mots soient difficiles à comprendre?
·         Les mots ont des « niveaux de sens » : un sens contextuel, figuratif, émotif, grammatical, encyclopédique, etc.
·         Les mots ont une portée sémantique, c’est-à-dire plusieurs sens possibles.
·         Les mots ont des niveaux de spécificité et d’imprécision [étudiant - Marc-André].
·         Le sens des mots change au travers du temps, des contextes et des relations.
Par exemple, Jésus dans Luc 13:32 dit : « allez, et dites à ce renard ...» en parlant d’Hérode. Que veut-il exactement dire? Veut-il dire qu’Hérode est futé, vicieux, élégant ou méchant?
Donc en bref les études de mots servent à recenser la portée des sens possibles pour un mot, ce qui aidera à identifier le sens et le référent du mot dans le passage du NT qui nous intéresse. De plus, certains mots sont employés différemment par différents auteurs (ex : « justification » par Paul versus Jacques).
Les mots sont un peu comme les pièces d’une partie d’échec, une fois le contexte historique et grammatical bien identifié, les possibilités de sens sont limitées. Donc au lieu de dire « ça veut littéralement dire... » on portera notre attention au contexte et à l’usage particulier du mot.
Tous les mots n’étant pas nés égales, certains valent la peine d’être étudié, tandis que d’autres non. Les mots répétés, les mots théologiques clefs, les termes cruciaux dans le contexte, les mots qui ne sont présents qu’une fois dans le NT, les mots figuratifs et les mots débattus sont ceux qui doivent être étudiés pour bien saisir le sens du texte. 

Laissez-moi vous présentez un exemple d'une méthode pour étudier les mots afin de s'assurer la compréhension de leur apport au passage dans une proportion équilibrée: bien comprendre, sans leur faire dire plus que ce qu'ils veulent dire.
Fait main -- χειροποίητος ???

 Un exemple d’étude de mot dans Éphésiens 2:11
Dans Éphésiens 2:1-10, Paul décrit les changements verticaux entre Dieu et l’humanité résultant de la grâce de Dieu. Dans 2 :11-13, Paul commande aux lecteurs de se souvenir de leur ancienne identité et des privilèges auxquels ils n’avaient pas droit en tant que païens (v.12), afin d’être mis en contraste avec leur présente identité en Christ en tant que peuple de Dieu (v.13). Ce faisant, Paul met la table pour expliquer la réconciliation ethnique des Juifs et des païens à l’intérieur d’une même entité, l’Église (2 :14-22).
Éphésiens 2:11-13 (Darby) : « C’est pourquoi souvenez-vous que vous, autrefois les nations dans la chair, qui étiez appelés incirconcision par ce qui est appelé la circoncision, faite de main [χειροποιήτου - cheiropoetou]  dans la chair, vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, dans le christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. »
Donc je décide de m’intéresser à cheiropoetou, terme que Darby a traduit par « faite de main ». Pour m’aider à comprendre l’usage que l’apôtre Paul fait de ce mot, je vais analyser les différentes façons dont ce terme a été utilisé dans la littérature qui précède le NT. Il y a 4 périodes qui nous intéresse :
La période classique (avant 300 BC). Le lexique Lidell-Scott-Jones recense l’utilisation des mots au travers de la littérature grecque ancienne, et en plus il est accessible sur Internet à (http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?la=greek&l=XEIROPOI%252FHTOS#lexicon). En suivant le lien, vous verriez que les auteurs ont recensés 2 usages principaux ainsi que les endroits dans la littérature grecque où ces mots reviennent. Le sens dans cette période est « fait de main, artificiel » et est antonyme à « naturel ». Par exemple, Hérodote (Les Histoires 1.195, 5e siècle BC) : « chaque homme avait un seau et un bâton taillé ». Le second sens est pour parler d'un feu "intentionnellement allumé". Sans trop passer de temps ici, on notera que dans la période classique, cheiropoetos est un terme dénotant la nature artificielle de quelque chose, résultant de l'homm. Le sens est neutre.
La période Koiné (300 BC à 100 AD). Le grec du NT est appelé koiné (« commun »), parce que suite aux conquêtes d’Alexandre le Grand, le grec se répand autour de la Méditerranée. Parce qu’il devient parlé comme langue secondaire, la langue perd un peu de son haut degré de sophistication. Dans cette période, notre mot ne revient qu’une seule fois dans la littérature (le lexique de Moulton-Miligan est notre source principale - https://archive.org/details/vocabularyofgree00mouluoft). Dans un papyrus commercial du 2e siècle, le terme est utilisé de la façon suivante : « afin qu’ils puissent visiter des œuvres d’arts faits mains sur les banques du Nile... ». Donc notre terme, dans le seul exemple connu de son utilisation durant la période Koiné, conserve son sens de « fait de main ». Le terme est neutre.
La traduction de la Septante (appelée LXX). La LXX est une traduction de la Bible hébraïque en grec koiné, effectué probablement autour de 270 BC par les Juifs d’Alexandrie (Égypte). C’est une source majeure, puisque les auteurs du NT citent la LXX et connaissent son vocabulaire. Ainsi, on peut penser qu’un certain usage d’un mot dans la LXX sera récupéré dans le NT.
Dans la LXX, cheiropoetos signifie quelque chose « fait de main », et dans tous les cas le terme réfère aux faux-dieux et aux idoles.
Le terme revient dans la LXX (1) comme un substantif dans Lév 26:1; 26:30, Wis 14:8, Isa 2:18; 10:11; 16:12; 19:1; 21:9; 31:7; 46:6. Par exemple, Lévitique 26 :1 : « Vous ne vous ferez pas de "faites de mains" [le mot idole est sous-entendu en grec] ».
(2) Une utilisation adjectivale dans Jdt 8:18; Dan 5:4; 5:23; 6:27; Bel 5. Dans Bel et le Dragon 5 : « Parce que je n’honore pas les idoles faites de mains, mais le Dieu vivant ».
(Note : vous avez surement remarqué que les livres apocryphes de Bel et le Dragon, Sagesse de Salomon et Judith sont recensés dans mes données. La raison c’est que ce n’est pas le contenu qui nous intéresse, mais davantage l’utilisation des mots. Donc, ces livres apocryphes sont très pertinents pour notre étude lexicale).
Résumé de l’usage de la Septante : que ce soit comme un substantif ou un adjectif, le terme cheiropoetos est utilisé dans tous les cas pour décrire la naturelle artificielle des dieux et des idoles, soulignant leur origine « humaine » et ainsi leur fausseté. L’usage du mot est toujours négatif, et même très négatif puisqu’il décrit les cultes anti-YHWH.
 Nouveau Testament
En dehors de Paul, le terme se retrouve dans Marc 14:58; Actes 7:48; 17:24 et Héb 9:11; 9:24. Le sens est « fait de main », et est utilisé pour accentuer le contraste entre ce que Dieu produit et ce que l’homme produit. Citons Marc 14:58 : « Nous l'avons entendu dire: Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme » et Héb 9 :24 : « Car Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme ».
Paul n’utilise pas le terme hors de Eph 2 :11 et dans ce cas unique il l’utilise pour signifier  « fait de main ».
Sommaire de l’usage du NT : Le sens est « fait de main », et est confiné à des exemples qui contraste la nature « faite par l’homme » (inférieure) de la religion par rapport à ce qui vient de Dieu (ex : la destruction du temple par Jésus et sa reconstruction en 3 jours). Inversement à la LXX, le terme n’est pas utilisé en référence à des idoles ou à des faux dieux, néanmoins il y a une affirmation claire que le « fait de main » est inférieure en contraste à ce qui vient de Dieu (le temple d’Hérode vs le temple de Jésus).
Signification et importance pour l’étude d’Éphésiens 2 :11 : alors que Paul souligne la condition préalable des Éphésiens, il déclare qu'ils ont été appelés "incirconcis" par les "circoncis par des mains humaines," à savoir les Juifs. En accord avec l'utilisation de ce mot dans le NT, je soutiens que l'apôtre raille la circoncision des Juifs en mettant au premier plan le fait qu'elle est d'origine humaine, et donc inférieure à ce qui est maintenant obtenu par le sang de Christ (v . 12-13). Puisque le terme dans la LXX désigne idoles, Paul pourrait aussi être entrain de faire une petite polémique sur la façon dont certains Juifs s’accrochent à la circoncision de la même façon dont certains Juifs de l’Ancien Testament s’accrochaient aux idoles en raison de l'usage de la LXX.

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Quelques nouvelles et requêtes de prière :
Crédit photo: Scott Bankhead
Cette semaine c’est la World Evangelization Conference (« Conférence sur l’évangélisation mondiale »). Le conférencier c’est Christopher Wright, un auteur d’une grande qualité et le président du Langham partnership, un organisme dédié à la distribution de matériels théologiques dans les pays non-Occidentaux et à l’éducation théologique des leaders des églises des pays non-Occidentaux (ils distribuent des bourses). Il va y avoir des organismes missionnaires sur le campus, des missionnaires de carrière et toutes sortes de choses vraiment trippantes pour n’importe quelle personne qui est excitée à l’idée d’avoir le privilège d’apporter le plus grand message qui soit dans un contexte interculturel. D’ailleurs, la semaine passée dans un diner-conférence, un pasteur iranien a dit qu’il entrevoyait que l’Iran pourrait devenir le premier pays qui passe de l’Islam au Christianisme, puisque selon lui la croissance de la foi en Iran est tout simplement spectaculaire, en dépit des persécutions. Donc vous pouvez comprendre que ce sera un privilège pour moi d’interagir avec ce genre de monde durant la semaine!
Après quoi, ce sera mon Spring Break, qui sera consacré à la rédaction de travaux.
Tous les cours ont encore été annulés ce jeudi à cause qu’il faisait -3 et qu’il y avait de la neige!
  • Comme vous pouvez voir à < http://www.campbrochet.com/?page_id=57 >, je serai conférencier au Camp Brochet pour la fin de semaine 18+. Vous pouvez prier pour que je puisse savoir être un outil propre, efficace et édifiant pour Dieu lors de cette fin de semaine.
  • La discipline, l’acuité mentale et la passion pour mes études.
  • L’humilité, l’esprit de service et le reniement de moi-même. Je sais que vous avez prié pour l’humilité. Il y a juste trop de choses qui convergent dans le même sens pour que vos prières justes n’aient pas été entendues. Merci.
  • Évangélisation les samedi après-midi avec City Church International.
Je vous remercie de me lire, de me supporter, de m’encourager, de me financer et de prier pour moi. Il n’y a rien que j’ai qui ne m’a pas été donné dans la vie (et ainsi en est-il pour chacun d’entre nous), et cette opportunité m’est donnée par vous, ce pourquoi je vous remercie encore!
En Christ,
Marc-André, qui vous souhaite une bonne semaine.

dimanche 1 mars 2015

J’ai rencontré mon marionnettiste





 ... la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur ... (Heb 4 :12)

J’ai rencontré mon marionnettiste.
C’était déboussolant, parce que je ne savais pas que j’étais moi-même une marionnette, même si j’ai toujours trouvé facile de pointer les ficelles qui agitent les bras des autres.
À bien y réfléchir, j’ai toujours su que j’étais un pantin, mais quand on n’y pense pas trop et que l’idée est dans le derrière du cerveau, alors on oublie l’évidence.
Mais le rencontrer, ça m’a surpris... j’aurais pensé qu’il aurait été plus beau, plus élégant, mais c’était un vieux gras à la face distordue. Alors j’ai eu peur, et je me suis caché, mais je l’ai suivi jusqu’à sa maison. Une maison tout en rouge, dont l’adresse est au cœur de moi-même. Sur son toit je me suis juché, pour regarder par l’une des fenêtres.
La situation m’a paru un peu étrange. Moi... un séminariste, un prédicateur, un enseignant au secondaire, un futur serviteur de d’église ... Je n’aurais jamais pensé un jour me tenir sur le toit de mon cœur pour voir qui tirait mes ficelles.
Les murs étaient tapissés par mon nom en grosses lettres. Il n’y avait presque pas de place à l’intérieur, parce qu’étaient empilées des montagnes et des montagnes d’objets variés: des coupures de journaux, des félicitations, des « j’aime », des diplômes, des amitiés, des responsabilités... tout autant de décorations pour un cœur qui n’en serait jamais par celles-ci embellies, au contraire que nourries dans sa lubie. Le marionnettiste, assis sur son trône, tirait de l’intérieur les fils, cherchant à amasser pour lui-même, pour moi-même, d’autres décorations exaltant notre nom.  
Tout d’un coup, sur le toit, les yeux biens écarquillés, j’ai vu que mon cœur brulait et battait au rythme de me faire un nom pour moi-même.  
Je crois faire par piété, quoique mon cœur tourné vers moi-même séquestre la cause. Quand je me tiens dans mon antre intérieure et que je vois son ameublement, je trouve des morceaux qui ici-bas prennent de l’espace quoique leur face hideuse est bien camouflée en haut.
... l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur ... (1 Sam 17 :7)
« Immense abîme que l’homme, dont les cheveux mêmes vous sont comptés, Seigneur, sans qu’un seul s’égare; et il est encore plus aisé pourtant de les nombrer que les affections et les mouvements de son cœur! »
(Augustin, Confessions, 4.14.22)

« Je crains plus mon propre cœur que le pape et ses cardinaux. J’ai au dedans de moi le plus grand des papes, le moi. »
Luther
 


Que ce soit pour ton nom, mon Dieu, que je bouge. Que mon nom soit oublié par mon cœur et que mon cœur ne se souvienne que par ton nom. Éloigne moi de l’auto-empoisonnement dans des quêtes d’apparences pieuses, et que je te poursuive comme tu me poursuis.

Amen.
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Quelques nouvelles et requêtes de prière :
L'état des routes à Dallas avec de la neige
Ça va être difficile à croire, mais cette semaine il a neigé à Dallas et il a fait environ -1. Le résultat est encore plus fou : le campus a été complètement fermé lundi, mardi, vendredi après-midi et samedi !!!
Il me reste une semaine d’école, ensuite ce sera une semaine de conférence sur l’évangélisation mondiale et puis la semaine du spring break (qui ne sera pas vraiment un break...). 

·         Acuité mentale, persévérance, discipline et passion pour mes études.
·         Mon choix de cours pour la session d’été et d’automne (je choisis dans 2 semaines).

Merci beaucoup de me lire et de vous intéresser à ce que je fais ici au séminaire. Je vous remercie de me supporter moralement, par vos prières et financièrement. Ma motivation est toujours au comble parce que vous êtes constamment derrière moi.
Bonne semaine,
Marc-André