dimanche 19 juillet 2015

Les gens qui donnent la nausée


Avez-vous déjà regardé quelqu'un de haut parce que vous le trouviez immoral, imbécile, irresponsable, vain, déplacé, trop coincé, trop flyé, etc.? Certaines personnes ont la capacité à stimuler chez moi le réflexe de nausée.

Quand Jésus dit "ce sont pas sont qui sont en santé qui ont besoin d'un médecin, mais ceux qui sont en mal; je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance" (Luc 5.31-32), il le dit en réponse aux grommellements des pharisiens qui méprisaient Jésus parce qu'ils mangeaient et buvaient avec des pécheurs et des collecteurs de taxe. Le précédent passage me rappelle que si je méprise quelqu'un dans mon cœur, c'est parce que je suis orgueilleux et que je me crois meilleur que l'autre. Mais je n'ai pas à être orgueilleux; tous sont pécheurs et tous ont besoins de la grâce. Ça tue le droit à l'orgueil.

Que tu sois un chrétien, un agnostique menant une vie super morale, ou le pire des débauchés, tous ont besoins de Jésus pour être en paix avec Dieu. Du moment où je me donne le droit de me croire "trop bien" pour entrer en relation avec quelqu'un d'autre, je méprise le sacrifice de Jésus en me drapant dans ma propre justice, comme si du haut de ma "perfection" je pouvais condamner les autres et me justifier dans mon séparatisme. Seul l'évangile renouvelle le cœur de façon à faucher l'orgueil et à abattre le piédestal de notre soi-disant sainteté. Donc je ne peux pas mépriser quelqu'un sous le prétexte de son péché, de sa stupidité ou peu importe; je ne peux qu'aimer comme Christ a aimé, puisque moi le premier j'ai besoin de sa grâce et moi le premier j'ai besoin de me repentir. Et tout comme Christ a appelé ceux qui le suivent à se repentir, ainsi ceux qui suivent Christ appellent ceux qui ne le connaissent pas à se repentir; à voir les choses comme Dieu les voit.

Suivre Jésus lorsque l'on rencontre quelqu'un qui donne la nausée pourrait se manifester en priant pour cette personne plutôt qu'en repassant dans notre cœur les 60 raisons pourquoi elle est haïssable. D'abord pour que Dieu adoucisse notre cœur, enlève notre haine et nous donne son amour. Ensuite pour cette personne, afin qu'elle aussi puisse rencontrer Jésus et recevoir sa grâce comme nous l'avons reçu en premier.

Quelques nouvelles et requêtes de prière

Il me reste 3 semaines à ma session d'été. Ce qui veut dire que je dois y aller à fond pour tout bien finir. J'ai mon examen de "mi-session" de mon 2e cours d'hébreux ce mercredi. Ça me fait du bien de savoir qu'il ne reste que 3 semaines, puisque tout en toujours plus facile en descendant. Je dirais que je suis assez fatigué à ce point-ci, néanmoins très content d'avoir choisi de faire une session complète cet été.

Ma préparation pour le Camp Brochet 18+ va bien. Mon étude des 4 textes est terminée, et j'ai écrit le 1er sermon. Mon objectif est d'avoir un premier jet des 4 messages avant mon vol vers le Québec pour pouvoir réellement être en vacance durant mes vacances.

Je suis très encouragé en ce dimanche. Je viens de passer une vingtaine de minutes avec mes amis sans-abris en revenant de de City Church, et Mindy me disait qu'elle n'avait pas bu durant 4 jours la semaine passée. Elle me demande de continuer à prier pour elle.

Vous pouvez prier cette semaine: (1) préparation des messages du Camp Brochet 18+, (2) grandir en grâce, amour, vérité et service, (3) fin de ma session d'été (il reste 3 semaines) et (4) stage à l'été 2016 au Québec.

Je vous remercie pour votre soutien financier, moral et spirituel. Merci pour ces mots d'encouragements que je reçois de temps à autre, c'est toujours très encourageant à lire. Je vous souhaite une semaine fantastique,

Marc-André Caron





dimanche 12 juillet 2015

La fois où j’voulais pas aider un sans-abri pour écrire une prédication sur Jésus et les marginaux

Cette histoire est d’une banalité incroyable, mais elle démontre que le péché (un synonyme pas tout à fait exact pourrait être « égoïsme ») est une chose réelle.
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La semaine passée, après la réunion du dimanche matin à City Church International, je retourne en marchant vers mon appartement comme à l’habitude. Je passe comme devant la même gagne de sans-abris. Je m’arrête pour jaser quelques minutes avec eux, parce que ce serait assez incohérent de prier Dieu à l’église et de le mépriser en levant le nez sur des SDF.
On jase de pleins de choses. Alors que je m’apprête à quitter, Paul me dit « pourrais-tu ramener du ragoût de bœuf en conserves? » 
J’ai juste mes clefs dans mes poches et si je dois faire un aller-retour entre mon appartement et l’épicerie pour aller chercher mon porte-monnaie, ça va me prendre au moins 1 heure. 
En plus, les SDF me tombent vraiment sur les nerfs. Ils sont manipulateurs, exigeants et ils te citent la Bible à tour de bras pour attiser ta sympathie. Particulièrement Paul et sa gagne. Ils font juste boire de la bière cheap à longueur de journée dans le même coin délabré. Je ne veux pas me faire manipuler. Je me respecte trop pour ça. Donc je lui dis :
 « Malheureusement, je n’ai pas mon porte-monnaie sur moi. Mais tu sais Paul, à Dallas tu peux manger à tous les repas gratuitement dans les centres d’aide. Es-tu allé hier à la distribution de nourriture qu’il y a tous les samedis matin à CCI?  Je ne reviendrai pas ici aujourd’hui. Je rapporterai probablement quelque chose samedi prochain. Bye. »
Tsé comprenez moi! En plus, j’ai vraiment besoin de tout mon temps pour écrire ma série de prédications pour le Camp Brochet 18+ où je vais parler de comment Jésus s’était formé des disciples en étendant son amour pour les gens marginaux et les pécheurs.
Donc avec ces convaincantes défaites en tête, je reviens à mon appartement, je pisse dans ma toilette immaculée, je me fais un café et je prend le temps de me rafraichir avec mon air climatisé après avoir marché un gros 15 minutes dehors.
Ensuite, je vais dans mon lieu d’étude, et je commence à lire la Bible en vue de préparer mes prédications. La Bible se met à m'attaquer. Je me met en colère parce que ce n’est pas vrai que je vais me faire manipuler par ce fainéant de sans-abri là! C’est pas vrai que je vais prendre 45 minutes de mon temps pour faire un aller-retour à l’épicerie puis aller porter du ragoût dans le coin le plus ghetto de Dallas! J’ai besoin de tout ce temps là pour écrire ma série de prédications sur ce que veut dire porter sa croix chaque jour et de suivre Jésus même lorsqu’aimer te coûte et te désavantage.
Je fais les 100 pas dans mon appartement en maugréant ma colère pendant 30 minutes. Y’a rien qui y fait ma conscience ne démord pas.
C’est avec les poings fermés et les dents serrés que je me met en route vers l’équivalent du Dollarama pour lui acheter son ragoût de bœuf. Mais Marc-André, tu achèterais vraiment à un sans-abri un ragoût que tu ne mangerais pas toi-même? Je suis à ce moment en face de El Rancho, l’épicerie mexicaine qui coûte plus cher que celle où je vais d’habitude. J’y entre. 10$ plus tard, j’ai du ragoût et des bouteilles d’eau. Tsé, les SDF devraient savoir que mes finances sont vraiment serrées!  
Je fais mon chemin en pensant à mes coups de soleil. Tsé, j’ai des coups de soleil! C’était vraiment inconvenant de ta part Paul de me demander de revenir... pense à ma peau un peu!
Depuis la première seconde de tout ceci je sais à quel point c’est ridicule et incohérent. Mais j’ai quand même de l’hésitation entre crier ma colère à Dieu pour les poignards qu’il me plante dans la conscience, ou l’implorer qu’il me donne de l’amour pour que je sois moins une crapule et que j’acquiesce la dignité humaine chez tous et toutes.
J’arrive dans leur coin. Il est 12:30 et ils sont déjà assez saouls. Ils sont faciles à mépriser et difficiles à aimer. Je leur donne les bouteilles d’eau et le ragoût canné. Je veux que ça finisse le plus vite possible. Randy me dit : « merci, c’est vraiment gentil de ta part de faire ça. » Et là dans ma tête je me dis... « écoute Randy ça me tentait vraiment pas » mais je finis par dire avec le trémolo dans la voix « et bien... j’écris une série de prédications présentement... et si je dois parler de la Bible, autant bien la mettre en pratique. » Je ne sais pas pourquoi je lui ai confessé ça, mais c’était comme si il fallait que j’avoue à mon père que j’avais bossé son camion. Peut-être que c’est parce que je confessais à mon Père que j’avais méprisé sa création. Je rend grâce pour la nourriture, je prie que Dieu brise les chaînes de leurs addictions, et je leur souhaite un bon dimanche. Ils boivent [de l’eau, cette fois], reconnaissants.
La dureté de mon cœur est un problème majeur. Cette histoire là est tellement banale. Mais elle illustre bien comment le cœur, derrière des remarques sensées et rationnelles, a mille voies tortueuses pour se donner la licence de se complaire dans l’amour du moi; par inversion le mépris de l’autre. La seule chose qui m’importe, c’est moi-même. Mon planning, mes objectifs à accomplir, mon argent, ma gloire, ma réputation, mon temps. J’espère que Dieu va me briser, va me donner un cœur tendre. Je suis reparti de là le plus rapidement que j’ai pu, mais le cœur léger.
Salut à tous les enseignants, les éducateurs, les infirmières, les travailleurs sociaux, les parents et les intervenants de toutes tranches! 

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Quelques nouvelles et requêtes de prière
-Dans moins d’un mois je prend l’avion pour le Québec. Il me reste encore beaucoup de travail pour boucler ma session. Ce sera des efforts soutenus.
-Mon étude des textes que je développe pour le CB 18+ est presque terminée. La semaine prochaine je commencerai à écrire les prédications.
-J’ai toutes mes finances pour payer mes frais de scolarité pour la session d’automne, gloire à Dieu.
-Requêtes : (1) Grandir en grâce, en service et en humilité, (2) acuité intellectuelle, concentration, discipline, (3) préparation pour le CB 18+, (4) stage au Québec été 2015.
Je vous remercie de votre soutien spirituel, moral et financier. Il n’y a pas beaucoup d’étudiants l’été sur le campus du séminaire, mais je ne suis pas seul parce que je me sais soutenu par ma famille du Québec. C’est un privilège d’être redevable à vous.
Je vous souhaite un bon dimanche,

Marc-André Caron

dimanche 5 juillet 2015

1 bon truc d’évangélisation de rue par temps chaud

Avec mon église locale à Dallas (City Church International), je fais partie de « l’équipe d’évangélisation ». Entre 1 pm et 3 pm chaque samedi, on cherche à présenter Jésus à ceux avec qui on entre en conversation.
La façon dont on s’est pris ce samedi a vraiment bien été reçue, donc je vous la partage et peut-être que ça vous tentera de reproduire l’expérience au Québec.
Trinity Bridge et la fantastique ligne d'horizon de Dallas
Offrir de l'eau pour présenter la source d'eau vive
On a acheté de la glace et 180 bouteilles d’eau (30$), mit ça dans une glacière et on s’est dirigé vers le pénitencier de Dallas pour offrir de l’eau froide aux visiteurs qui se retournaient vers leurs voitures. Ces gens sont souvent en détresse, désorientés, et ont besoin du réconfort que seul le Père peut apporter. Ils étaient ouverts à l’évangile et à prier avec nous. Ils sont à un point où l’orgueil de la vie est détruite, ce qui ouvre à considérer Dieu.
Comme on est arrivé à la fin des heures de visite, nous nous sommes rapidement redirigés vers Trinity Bridge (un genre de place Nikitoutagan) pour donner le reste de nos bouteilles d’eau aux passants.

Que dit-on aux passants? 
Le but n’est pas de proclamer le message à tout prix. Si on voulait faire ça, probablement qu’on crierait le plus fort possible. La chose qui me semble la plus saine, c’est d’engager les gens dans des conversations dans lesquelles ils sont véritablement intéressés et mis à partie. Le ton est toujours amical.
Dans le cas d’hier, l’approche était quelque chose comme « avez-vous soif? Voulez-vous une bouteille d’eau gratuite? » Évidemment, il fait 1000 degrés à Dallas, donc de l’eau froide c’est toujours bien avenant. Ensuite, pour faire le passage vers l’évangile, j’y allais de 2 façons différentes :
Si la personne semblait pressée ou peu désireuse de parler, je disais quelque chose comme: (1) « après avoir bu cette bouteille d’eau, tu auras encore soif. Mais Jésus a dit « mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » Et ensuite je leur souhaitait une bonne journée en leur laissant un traité avec l’évangile dans lequel à l’endos il y a les informations de City Church International.

            (2) Si la personne semblait disposée à parler, je disais à la personne « en avez-vous reçu un? » en lui tendant un traité évangélique. Et évidemment la personne « veut en recevoir un » et le prenait. Ensuite je disais quelque chose comme : « ce traité contient le message de l’évangile, et vous trouverez à l’endos les informations sur City Church International. Avez-vous un arrière-plan religieux? » Je ne pense pas que j’utiliserais cette phrase au Québec, puisque ça pourrait être perçue comme étant impolie, un peu comme demander « quel genre de sous-vêtements portez-vous? » (à Dallas, c’est une phrase tout-à-fait inoffensive --> la 1ere phrase, pas la 2e!). En tout les cas, ce serait une question qui amènerait la personne à me parler de sa vision du monde. Et à partir de là il s’en suit un échange / partage où les gens expliquent leurs croyances (religieuses ou non-religieuses), et dans lequel on cherche à présenter de façon amicale l’évangile de Jésus-Christ. Tout cela est fait avec un beau grand sourire, avec un ton non-menaçant et très ouvert aux échanges et à la discussion. En un an, je n’ai pas eu de mauvaise expérience.

            De façon surprenante, c’est très efficace. Beaucoup de gens avec lesquels nous avons des conversations finissent par visiter l’église. Non pas qu’on veuille remplir l’église, mais le vrai but est de connecter les gens avec Jésus et de les amener à cheminer sur les vraies questions. Évidemment, nous serions ravis à City Church de pouvoir cheminer avec eux sur ces questions, d’où l’idée de toujours mentionner un endroit à lequel ils peuvent se rattacher si un jour ils se sentent fatiguer et qu’ils veulent boire de « cette source d’eau vive jaillissant pour la vie éternelle. »
Notre équipe d'hier à la prison et à Trinity Bridge
Surtout au Québec, j’ai l’impression que les opportunités pour les gens d’avoir un contexte « sécuritaire » pour s’ouvrir et parler de leurs croyances les plus profondes est quelque chose de rare. C’est un besoin fort chez tous les humains, mais c’est aussi d’exposer un côté vulnérable de sa personne. Durant mon passage au CÉGEP et à l’UQAC, j’ai toujours eu l’impression que les gens non-religieux étaient très contents de pouvoir parler avec moi puisque ça leur permettait d’explorer des sujets de conversation qui sont tabous en temps normal. J’ai l’impression que cet aspect compense pour la bizarrerie de s’engager dans une conversation avec un étranger.

            D’un point de vue personnel, ça me prend beaucoup de jus pour me dire « ok, là tu parles à ce gars-là. » Mais c’est le genre de chose qui se vainc facilement.

Le cœur de Dieu pour ceux qui sont perdus
            Mon cœur n’est pas déchiré pour ceux qui sont perdus. Ma tête connait leur condamnation, mais mon cœur est dure et insensible. Mon prochain repas m’intéresse plus. Si je témoigne de ma foi, c’est plus parce que je sais dans ma tête que c’est la chose à faire, plutôt que poussé par l’amour authentique du Fils, qui s’émouvait devant les masses. Je prie beaucoup ces temps-ci afin que Dieu me donne un cœur tendre, me donne son cœur... afin que je puisse pleurer pour ceux qui sont perdus et avoir cette compassion qui se reflète dans mes préoccupations et mes actions.

« Alors il leur dit cette parabole : « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? Et quand il l’a retrouvée, il la charge tout joyeux sur ses épaules, et, de retour à la maison, il réunit ses amis et ses voisins, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !” Je vous le déclare, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Luc 15.3-7

Quelques nouvelles et requêtes de prière
-J’ai fini mon 1er cours d’hébreux vendredi... et je commence mon 2e ce lundi! Tout va extrêmement bien en hébreux. Déjà le 2/3 de la session d’été de complété! Le temps passe vite. Ma préparation pour le CB 18+ va bien, mais je dois commencer à mettre davantage de temps que les samedi matin (donc ça va bien, mais faut que j'embraye). La préparation de cette fin de semaine est quelque chose que vous pouvez garder en prière.
-Requêtes de prières : (1) discipline, concentration, acuité intellectuelle, (2) préparation pour le Camp Brochet 18+, (3) grandir en grâce, humilité et service, (4) stage au Québec été 2015.
Je vous remercie de votre soutien et de vos encouragements! Mes collègues aux séminaires sont définitivement jaloux de la façon dont je suis entouré par ma famille du Québec :) !! Merci pour vos prières et votre soutien moral et financier.
Je vous souhaite une bonne semaine,
Marc-André.

PS. Si vous désirez m’écrire pour n’importe quelles raisons, vous pouvez le faire à <caron.marc.andre.bible@gmail.com>